Pari réussi avec les poules rustiques Pari réussi avec les poules rustiques
À Gardères, Amélie Menvielle et Jean-Yves Claverie élèvent des poules noires d’Astarac-Bigorre, une race locale à croissance lente, et des vaches gasconnes.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
C’est un vrai retour à la terre qu’Amélie a choisi, il y a trois ans, quand elle est revenue s’installer sur la ferme de ses parents à Gardères, dans les Hautes-Pyrénées. Ingénieure en BTP, elle passait son temps sur des chantiers parfois longs et lointains, une vie de nomade qui ne lui convenait plus. « Je suis très proche de ma famille, je voulais retrouver mes racines », raconte-t-elle. Son père, Albert, partant à la retraite, c’est avec son associé, Jean-Yves Claverie, qu’elle s’est installée en Gaec. À 55 ans, ce dernier est très heureux de transmettre son savoir-faire avant de s’arrêter.
La ferme était en bovin lait. Amélie a souhaité changer pour une race à viande bovine et des poules noires d’Astarac-Bigorre. « J’ai fait mon stage de BPREA chez un éleveur de vaches gasconnes des Pyrénées et je les ai adorées, poursuit la jeune femme. Nous en achetons quelques-unes chaque année et nous gardons les génisses pour construire notre troupeau. Nous avons choisi de laisser les veaux avec leur mère en permanence. Nous adaptons progressivement le bâtiment qui les abrite durant les trois mois d’hiver, pour tout avoir sous la main (foin, aliment…). Aujourd’hui, nous possédons trente mères et nous prévoyons d’en avoir quarante dans deux ans. »
Lorsqu’elle s’est installée, Amélie a aussi décidé d’élever des poules noires d’Astarac-Bigorre, une race rustique locale sauvée de la disparition dans les années 2000 par une poignée de producteurs. Ils sont vingt aujourd’hui à faire partie de l’association La Poule gasconne et de la Sica Noire d’Astarac-Bigorre pour la commercialisation.
Besoin d’espace
L’éleveuse possède deux bâtiments, l’un accueillant 110 poules et 10 coqs pour la production d’œufs fécondés, et un second pour des volailles de chair. Tous deux sont dotés de parcours procurant 8 m² par animal. « Nous élevons deux lots de 600 volailles par an, femelles ou mâles, que nous gardons en moyenne six mois, explique-t-elle. S’agissant d’une race rustique et vigoureuse, il est indispensable de chaponner les mâles pour les élever dans de bonnes conditions, sinon ils se battent, et de disposer de grands espaces pour que tous puissent courir en plein air. »
Toutes les poules sont vendues sur commande. Amélie suit scrupuleusement le planning tenu par sa sœur Élodie, animatrice de la filière à la chambre d’agriculture, pour faire abattre ses poules au bon moment. Les volailles ayant une croissance très lente, la bonne coordination des abattages est indispensable pour que le produit soit disponible en permanence et que la clientèle reste fidèle. Les poules partent par petits lots lorsqu’elles sont suffisamment engraissées. La jeune femme utilise la technique du soufflage qui consiste à inspecter une veine sous leur aile pour voir si elles sont prêtes.
Une vie locale intense
Deux abattoirs sont partenaires de l’association, l’un classique pour les poulets et poulettes traditionnels, l’autre pour les chapons de fête. Le plumage s’y fait à sec et les volailles sont emmaillotées dans un torchon. Les éleveurs ont le droit de vendre 30 % de leur production en direct, ce qui leur permet de diversifier leurs revenus.
Amélie et Jean-Yves sont très attachés à la vie du territoire. Ils sont adhérents à la Cuma locale, sans laquelle ils ne pourraient pas fonctionner. Lorsque leurs poulets ne sont pas assez beaux pour être commercialisés en carcasse, la Sica les fait transformer par la maison Théas, une ferme de Gardères spécialisée dans la conserve. « La totalité de la viande bovine et 30 % de nos poulets sont vendus sur l’exploitation, et 90 % de nos volumes sont achetés par les habitants du village, précise Jean-Yves. Nos steaks hachés de taurillon, notamment, sont très attendus et réservés à l’avance. » L’été prochain, les deux associés aménageront une salle de découpe à la ferme et un petit magasin pour accueillir la clientèle dans de meilleures conditions. Florence Jacquemoud
[summary id = "10018"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :